Confrontée à la fermeture imminente de l’école Les Parchemins de Saint-Elzéar-de-Témiscouata, la communauté refuse de baisser les bras. L’établissement bénéficie présentement d’une année de sursis afin de trouver une solution à la diminution du nombre d’élèves. Le projet C-FIER, un centre de formation interactive et environnementale rattachée à sa communauté, sera mis en branle à la rentrée scolaire 2019 dans l’espoir d’assurer la survie de l’école.
Cette dernière accueille présentement 11 enfants dans deux groupes de 1ère à 3e année et de 4e et 5e année. Pour obtenir un financement de la Commission scolaire du Fleuve-et-des-Lacs, un groupe scolaire doit être composé d’au moins six élèves, la situation est donc précaire à Saint-Elzéar-de-Témiscouata.
«Depuis l’an passé, nous travaillons en étroite collaboration avec la communauté. Nous avons une belle école rayonnante (…) À la fin du mois d’aout 2018, nous avons eu un sursis d’une année pour se prendre en main et trouver des solutions pour garder l’école en vie», explique M. Soucy. La période d’inscription a débuté le 23 janvier et se poursuivra jusqu’au 20 février.
UNE ÉCOLE ALTERNATIVE
L’idée d’implanter une école alternative à Saint-Elzéar-de-Témiscouata a été lancée à l’automne 2018. Depuis, une équipe de conseillers pédagogiques, d’enseignants, de parents et de membres de la communauté s’est mise au travail afin de démarrer ce projet à la prochaine rentrée scolaire.
Le projet C-FIER suivra le programme de formation obligatoire de l’école québécoise, mais sera porté par des projets réels et concrets qui viendront des élèves. «On veut que les enfants soient en action dans l’école et qu’ils entrent en interaction. L’école deviendra une seule classe, et mettra en valeur l’entraide entre les enfants des différents niveaux», précise M. Soucy. Un labo créatif, doté d’équipements technologiques permettant aux élèves de faire des projets de robotique sera mis en place. Des projets à valeur entrepreneuriale et des sorties en plein air éducatives sont aussi prévues au programme.
«On souhaite que les parents et les membres de la communauté s’impliquent dans le projet selon leur habilités, par exemple pour des notions de menuiserie, d’électricité, de sciences. L’école sera fondée sur la collaboration, l’entraide et l’échange. On favorisera l’apprentissage par des projets concrets, en plus d’enseigner les matières requises», ajoute M. Soucy. Des liens seront également tissés avec l’environnement naturel de la municipalité. Les enfants seront donc amenés à entrer directement en relation avec les domaines de l’agriculture, de l’acériculture, ou à visiter le parc éolien qui se trouve à proximité. Le directeur se dit ouvert à la collaboration avec divers partenaires du milieu qui pourront appuyer les apprentissages des élèves.
Nancy Michaud, enseignante de 4e et 5e année à l’école Les Parchemins souligne que les classes seront décloisonnées et que le travail d’équipe sera valorisé. «C’est un projet qui se fait facilement dans une petite école, la coopération entre les élèves est naturelle. Les enfants ont besoin de bouger. Le projet les rendra dynamiques et engagés, en plus il respecte leur besoin de bouger et d’aller dehors», ajoute Mme Michaud. La proximité de l’église, de la bibliothèque, du centre communautaire et des locaux de la municipalité, de même que la présence d’un petit boisé à l’arrière de l’école facilite grandement l’implantation de ce projet évolutif. Elle précise que C-FIER repose sur une vision à long terme et que la capacité d’adaptation des enfants sera respectée. Il sera développé un pas à la fois à partir de la rentrée 2019.
IMPLICATION
Marie-Claude St-André est la mère d’une élève de 4e année à l’école Les Parchemins et fait partie du conseil d’établissement depuis huit ans. Pour elle, garder le milieu scolaire à Saint-Elzéar-de-Témiscouata ouvert est une priorité. «Quand un village n’a plus d’école, il devient mort. Les enfants amènent de la vitalité, l’école leur permet de se connaitre et de faire des activités ensemble». Elle espère que ce projet porteur aura un effet boule de neige et attirera davantage de familles à Saint-Elzéar. «Ce sera une école avec une façon d’enseigner différente, des classes plus manuelles. Ça permettra aux enfants qui ont parfois plus de difficulté à travailler sur des projets concrets dans leur milieu scolaire», ajoute Mme St-André.
Cette dernière estime que le projet C-FIER amènera les enfants à développer leur autonomie, et qu’il est plus adapté au monde de 2019. «J’ai l’impression que les technologies tout autour de nous ont évolué, mais les façons d’enseigner n’ont jamais changé. On a toujours gardé les enfants assis avec un professeur qui enseigne en avant.» Elle souhaite que ce projet permette de renforcer le sentiment d’appartenance des résidents de Saint-Elzéar envers leur école.
«On veut aussi tisser des liens avec les parents, qui souhaiteront peut-être continuer leur implication lorsque leurs enfants ne seront plus à l’école. C’est valorisant de s’impliquer dans notre milieu (…) C’est la seule école alternative dans la Commission scolaire du Fleuve-et-des-Lacs. J’ai hâte de voir le projet se peaufiner tranquillement», ajoute la mairesse de Saint-Elzéar-de-Témiscouata, Carmen Massé. Cette dernière souligne que l’école peut compter sur la collaboration de la Municipalité, en raison de son importance pour la survie de la communauté et de son dynamisme.
Source: https://www.infodimanche.com/actualites/actualite/355176/un-projet-decole-alternative-a-saint-elzear-de-temiscouata